Chapitre 10 -
Elle se trouvait dans un couloir sombre, étouffant, aux murs tapissés de moquette, le long desquels couraient des portes avec, au fond, une fenêtre inondée de lumière. Face à cette ouverture, une ombre. Ainsi à contre-jour, Sophie ne pouvait distinguer le visage de cette silhouette ; pourtant, elle savait instinctivement à qui elle appartenait : ces cheveux bouclés, les épaules frêles, la petite taille… Antoine !
Il était si petit, seul, loin d’elle.
Elle avança vers lui mais, à chacun de ses pas, il semblait s’éloigner. Le couloir s’allongeait, Antoine reculait. Plus elle tendait les bras vers lui, plus il semblait s’éloigner.
La lumière déclinait à l’horizon, Sophie voyant les couleurs par la fenêtre s’estomper, avalées par l’obscurité, les ombres s’allongeaient… celle du petit corps d’Antoine la touchait presque… si proche et pourtant insaisissable.
Une porte s’ouvrit. Une ombre en sortit. Elle s’étendit, remplissant l’espace entier. Il s’avança vers Antoine.
Sophie se mit à courir dans leur direction. Seulement, elle ne parvenait pas à les atteindre. Elle n’avançait pas alors que l’ombre s’étendait sur Antoine, dévorant tout l’espace. L’ombre était maintenant sur le jeune garçon ! Sophie était désemparée.
La silhouette noire se retourna : le visage dépecé, la mâchoire inférieure dépourvue de chair laissant apparaître les os saillants… Il s’agissait de ce médecin, Sophie s’y attendait. Il lui sourit, l’œil noir comme enfoncé dans son orbite. Sophie frémit. Un cri s’échappa de sa gorge. Elle tomba au sol, dans un bruit étouffé.
Mots-clés :
Sublimes créatures